Historique du CEAS d’Alsace

En décembre 1933 Jules Billing, licencié en théologie à Strasbourg, ordonné prêtre en 1930 et à son retour de l’Institut catholique de Paris (licence en droit canonique) et l’Ecole des Sciences sociales et politiques et de l’Ecole des Missionnaires du Travail de l’université catholique de Lille (licence en sciences politiques et sociales), est nommé par Mgr Ruch directeur des oeuvres sociales, économiques et professionnelles et en même temps directeur de la JOC. Un petit cercle se réunit autour de lui, pour créer à la demande de Mgr Charles Ruch le Secrétariat social d’Alsace, chargé de coordonner dans le cadre de la CARITAS les différentes organisations sociales. C’est chose faite en 1935. Son président fondateur sera Ernest Thiele, avec deux vices-présidents : Jules Billing et Pierre Pflimlin, jeune avocat inscrit depuis peu au barreau de Strasbourg.

En septembre 1939, lors de l’évacuation d’un tiers de la population alsacienne, le secrétariat social est engagé à Périgueux et dans les départements du Sud-Ouest pour l’entraide aux réfugiés, tout en maintenant ses activités en Alsace, assurant une liaison entre les deux régions, en particulier pour l’entraide et le regroupement entre familles dispersées. Le Secrétariat social est une des premières victimes de l’emprise nazie. « C’est en 1944 que, indique l’historien Christian Baechler, le Secrétariat Social d’Alsace se consacre, sous l’impulsion du chanoine Jules Billing, en priorité aux besoins sociaux de première urgence l’aide morale, matérielle et juridique aux sinistrés. […] Le 15 mars 1945, le « Groupement social des victimes de la guerre et des sinistrés d’Alsace […] voit le jour et va rendre durant de longues années, d’inestimables services par ses conseils juridiques, ses interventions et sa collaboration avec le MRU (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme), les ICS [Intellectuels Chrétiens Sociaux], grâce notamment à M. Willer frère du directeur du FEC [Frère Médard]. L’étude des problèmes sociaux à plus long terme pour l’information et la formation d’une opinion publique d’où pouvaient émerger des militants sociaux, est prise en charge par les Pères Bernard et Claude. Beaucoup de paroisses, outre des « cercles d’études », organisent alors des « dimanches sociaux » pour la formation de militants avec les responsables du secrétariat social. »

Martin Hoffarth, jeunes prêtre ordonné en 1950 autorisé par Mgr Jean-Julien Weber à poursuivre des études à Lille à l’Ecole des Sciences sociales et politiques et l’Ecole des Missionnaires du Travail de l’université catholique, est nommé aumônier du Secrétariat social d’Alsace. Il « créa, selon son biographe Jean-Pierre Kintz, tout un réseau de cercles et d’équipes sociales à travers le diocèse. Pour maintenir un lien entre les militants, il fonda en 1954 le bulletin « Equipes sociales d’Alsace ». » Alphonse Irjud relève de son côté dans 100 ans de catholicisme social en Alsace que « dans cette période d’après-guerre où les structures sociales allaient connaître de profondes mutations, le champ d’action était immense et complexe : les deux tâches, information et formation en matière sociale, intimement mêlées, nécessitent une attention constante aux problèmes à étudier, aux crises latentes ou présentes, et d’autre part un contact permanent avec tous les organismes économique ou sociaux, les administrations et les collectivités locales. […] « Equipes sociales d’Alsace » [offre] à côté de plusieurs dossiers factuels, une réflexion chrétienne sur les questions et conflits d’actualité, avec, aussi, des brochures spécialisées : guide pratique de la famille, de la sécurité sociale, [de l’élu local], etc. Journées d’études, stages de formation, congrès, à chacun de ces niveaux, l’intérêt est attiré, à la fois, sur les perspectives de l’évolution économique et sociale, et sur l’aspect particulier et les conséquences dans le cadre régional de l’Alsace. Formation professionnelle des élus locaux, transport des ouvriers, condition de vie des femmes, convention collective des gens de maison, comités d’entreprises, travailleurs frontaliers, licenciements collectifs avec les crises de Pechelbronn, dans le textile, la métallurgie, main d’oeuvre excédentaire dans l’agriculture formant un nouveau prolétariat, enquêtes sur la situation des travailleurs nord-africains en Alsace, déjà, (en 1955) avec, en complément une intervention de la JOC à la préfecture à propos de l’expulsion de 250 Nord-Africains à la suite de la fermeture du foyer d’hébergement dans une caserne (cette action obtint la construction d’un véritable foyer pour jeunes travailleurs nord-africains), sessions d’études rassemblant responsables politiques et économiques, chambre de métiers, militants d’action sociale : ce travail de réflexion et d’action ne va pas sans référence constante à la pensée sociale de l’Eglise, pour en suivre l’évolution progressive depuis les premières encycliques sociales de la fin du 19ème siècle. Tâche indispensable mais difficile, comme le souligne un texte adopté lors d’un stage (en 1957) : « Les participants déplorent que la doctrine sociale de l’Eglise soit quasiment ignorée de la part des laïcs et rarement enseignée par les prêtres. » » « Le développement de ces activités explique, selon Jean-Pierre Kintz, la transformation en 1965 du secrétariat en Centre d’Etude et d’Actions Sociales (CEAS), où oeuvra également Emile Baas. [Martin Hoffarth] fut également à l’origine de la création en 1960 du Centre de Formation et de Culture Sociales (CFCS) pour les élus locaux et du Centre de Formation pour le Patronat Chrétien (CFPC) pour les chefs d’entreprises chrétiens. » Il est secondé dans son travail par un Secrétaire général permanent et salarié Camille Nachbar. De 1969 à 1975, Martin Hoffarth va collaborer avec l’abbé Lucien Hoffer, lui aussi licencié du même institut catholique de Lille et nommé par Mgr Léon-Arthur Elchinger aumônier du CEAS du Haut-Rhin. Martin Hoffarth sera le dernier prêtre alsacien à exercer un mandat politique : il est élu Conseiller général du canton de Seltz en 1970, réélu en 1977. Il décède en 1979.

Le CEAS d’Alsace est présidé depuis 1977 par Bernard Deck et c’est au départ à la retraite de Camille Nachbar qu’il se donne un secrétaire général bénévole André Vierling. Après une réflexion sur ses missions le CEAS d’Alsace voit Mgr Charles-Amarin Brand nommer un nouvel aumônier diocésain en 1995. Il s’agit de l’abbé Marc Feix, ayant un doctorat en théologie à Strasbourg et une maîtrise en sciences sociales de l’Institut d’études économiques et sociales de l’Institut Catholique de Paris. Marc Feix est aumônier départemental du Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC) de 2000 à 2007. Depuis 2001, il est aumônier régional des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC, ex-CFPC). En 2002, Mgr Doré le nomme Délégué épiscopal aux Affaires européennes. Il est chargé de cours en éthique et théologie morale à la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg depuis 2004.

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